mardi 26 juillet 2011

Visite d’un camp de réfugiés

Depuis le démarrage des affrontements en Lybie, plusieurs camps de réfugiés ont été improvisés pas très loin de la frontière tuniso-lybienne, et notamment dans les régions de Ras Jdir et de Dh’hiba.

De ces camps de réfugiés, nous ne savons pas grand chose, juste des recensement de personnes entrées, de celles parties, et de celles qui restent. Je me suis donc dit, qu’il était normal, que j’aille jeter un coup d’œil.

Vu de loin, un camp de réfugiés est très sexy. A en croire cette photo, un camp ressemblerait à ça :

camp

Le seul bémol, c’est cette queue interminable, mais après tout, quand on est réfugié, qu’est ce qu’on peut avoir de mieux à faire ?

Vu de plus près, un camp, entre sable et poussière, le soleil et le vent, la réalité, est beaucoup plus dure : Se tenir debout au dehors est déjà un exploit.

camp2

A cela, s’ajoutent quelques petites mésaventures, entres désaccords et quiproquos, qui font qu’une tente Unicef qui faisait office d’école peut être incendiée et lacérée sans qu’on en parle, sans qu’on sache comment, pourquoi, quand… C’est peut être une fuite de gaz, ou le tournage d’un mauvais film.

Incendie

Dans un camp de réfugiés, sauf à essayer de parler avec tout le monde, mais vraiment tout le monde, on ne comprendra jamais rien. Mais entre la peur et la défiance, le sarcasme et l’ironie, il n’est pas facile de se faire une idée. Ce que j’en retiens, c’est le regard d’une réfugiée, qui de derrière la poussière est venue comme pour me dire “Je vais bien, ne t’en fait pas !”.

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Toutes les photos n’ont pas été prises dans l’ordre où elles apparaissent ni par le même photographe. Aucune photo n’a été truquée.

mercredi 9 mars 2011

Pourquoi je n'aime pas Ennahdha

Ennahdha, c'est, en essence, un parti politique islamique. On dit de plus en plus que c'est un parti politique prônant un Islam modéré, un AKP tunisien, c'est juste un discours de circonstance.

Déjà, dire un parti politique, suppose, une adhésion aux règles du jeu des partis politiques, ces règles fussent elles justes ou injustes, n'est pas la question. Dans un jeu, on respecte d'abord les règles pour jouer, et ensuite, quand il y a consensus, on peut changer ces règles. Or dans les règles du jeu des partis politiques, il est expressément écrit :
"Un parti politique ne peut s'appuyer fondamentalement dans ses principes, activités et programmes sur une religion, une langue, une race, un sexe ou une région".
Dans cette même loi organique n°88-32 du 03 mai 1988 apparaît également :
"Le parti politique agit dans le cadre du respect de la constitution et de la loi :
  1. a) il doit dans son activité respecter et défendre notamment :
    • l'identité arabo-musulmane;
    • les droits de l'homme tels que déterminés par la constitution et les conventions internationales ratifiées par la Tunisie.
    • les acquis de la nation et notamment la forme républicaine du régime et ses fondements, le principe de la souveraineté populaire telle qu'elle est organisée par la constitution et les principes organisant le statut personnel.
  2. b) il doit en outre :
    • bannir la violence sous toutes ses formes ainsi que le fanatisme, le racisme et toutes autres formes de discrimination;
    • s'abstenir de toute activité de nature à porter atteinte à la sécurité nationale, à l'ordre public et aux droits et libertés d'autrui;"
Au risque de paraître stupide, je ne vois pas ce qu'on peut reprocher à cette loi. Mais, comme je le disais, ce n'est pas là la question.

Que M. R. Ghannouchi soit un cheikh, ou un Imam ou un super Musulman, c'est son droit le plus strict, et personne ne trouvera rien à y redire. Par contre, dire qu'Ennahdha est un parti islamique, me pose un problème.

Parce que, en substance, ça signifie 2 choses :
  1. Que les autres partis ne le sont pas, ce qui est déjà très grave,
  2. Que Ennahdha est habilité, je ne saurai vous dire par quel miracle, à dire, qui est musulman, parti ou individu, et qui ne l'est pas,
La manigance, est une supercherie visant à faire croire, que si on est musulman, il faut être un partisan d'Ennhadha et non de n'importe qu'elle autre parti politique, non pas parce que, ce que nous (Ennahdha) avons un programme crédible, utile, ou d'intérêt général comme se doit de l'être le programme d'un parti politique, mais simplement parce que nous (Ennahdha) nous somme l'Islam. Si tu es contre nous, tu es pour les bordels, l'immoralité, l'adultère, l'alcool, le ribè,...et la liste ne finit pas. Et tu es soit avec nous, soit avec le Diable.

Force est de constater que ce discours opportuniste jouant sur les amalgames pour se positionner en sauveur de la nation et de l'identité est, au mieux, une petitesse, une manière de tricher, pour mettre la main, qui, au bénéfice du doute, n'est pas très propre, sur la politique de ce pays.

Mon Islam et moi, il n'y a que moi que ça regarde. Vous voulez faire de la politique, commencez par faire de la politique !

vendredi 4 mars 2011

Les élections : B A BA

Tout le monde sait, que quand il y a des élections, tout le monde vote, et puis celui qui a le plus de voix gagne. Ce n'est pas tout à fait ça.

En matière d'élections, il y a vote direct et vote indirect.

Dans un vote direct, on parle aussi de suffrage universel, tous les citoyens disposant du droit de vote, votent. Le droit de voter suppose :
  1. avoir atteint 18 ans,
  2. être libre de voter, et donc, ne pas être en prison ou purgeant une peine avec sursis (c'est entre autres le pourquoi de la loi d'amnistie générale),
  3. ne pas être dépourvu du droit de voter. C'est typiquement le cas de l'armée, les juges et les magistrats, eux, peuvent voter mais ne peuvent pas adhérer à un parti,

Dans un vote indirect, ce ne sont pas les citoyens qui votent, mais des élus les représentant. Pour les lois, par exemple, les députés votent au nom du peuple.

Pour gagner une élection, il faut disposer de beaucoup de voix, d'une majorité. Ici aussi, plusieurs cas de figure sont possibles : Il y a la majorité relative, la majorité qualifiée et la majorité proportionnelle.

Dans la majorité relative, celui qui a le plus de voix gagne, peut importe, si c'est 99% des voix ou si c'est 10% des voix. Cette majorité est calculée par rapport au nombre de votants et non pas au nombre d'électeurs, même si, dans certains cas, on mentionne le nombre d'abstentions.

Dans la majorité qualifiée, on fixe un seuil. Très souvent c'est 50% ou 2/3. Ça signifie, que pour remporter de telles élections il faut atteindre ce seuil. C'est pourquoi, pour ce genre d'élections on a souvent un 1er tour et un 2ème tour entre uniquement 2 candidats. Les élections présidentielles en Tunisie, fonctionnent, en théorie, selon ce principe.

Dans la majorité proportionnelle, on passe par ce qu'on appelle des listes. Les électeurs ne votent pas pour un candidat, mais pour une liste de candidats, dont le nombre est égal au nombre de mandats cibles. Après le décompte, chaque liste, disposera de la même proportion de mandats, que la proportion de voix récoltées. Si, par exemple, les élections portent sur 20 sièges de députés pour Tunis, le parti qui a 50% des voix, disposera de 10 sièges. Sur la liste de 20 initialement candidate, ces 20, se réuniront pour élire, entre eux, les 10 qui prendront les 10 sièges. Les partis ayant moins de 5% des voix, devront former des coalitions pour pouvoir disposer d'assez de voix pour pouvoir prétendre à un siège.

Pour des élections, il y a aussi une étendue géographique, une circonscription. Quand on élit des députés à Sousse, les citoyens de Sfax ne participent pas. Même quand on élit un président on parle de circonscriptions électorales. Ces circonscriptions on d'abord un rôle logistique : on compte plus facilement des paquets de quelques milliers de voix que toutes les voix en même temps. Dans certains cas, ces circonscriptions ont aussi un rôle de synthèse. C'est par exemple les cas des élections présidentielles aux Etats-Unis, où, il passent par ce qu'ils appellent "Les grands électeurs" qui accordent au 2ème tour des élections présidentielles l'intégralité des voix d'un état au candidat ayant le plus de voix dans cet état.