Je m'en souviens encore, quand, pour m'expliquer la démocratie, on m'a dit que c'était demos + cratos = gouvernement du peuple. Ca m'avait semblé joli.
A voir ce qui se passe, ce qui se dit, force est de constater qu'on en est plus loin que du temps de Ben Ali.
Nous vivons aujourd'hui en pleine schizophrénie. Chacun s'autoproclame juge, et invite les autres à se rendre justice. On condamne des gens sur des présomptions, en oubliant, que ce qui fonde notre humanité, c'est le droit à la dignité. La délation est devenue simple comme bonjour, la diffamation un élan nationaliste, qui trouve partout un echo.
On n'a plus de soucis pour généraliser. Si un policier fait une bavure, on demande la peau d'un ministère. Si un barbu giffle une femme, on fustige l'islamisme. Si un voleur est repéré, on crie sur tous les toits, que les milices du RCD sont de retour.
Je ne cautionne pas, et je ne cautionnerai jamais aucune enfreinte, aucun dépassement, aucun contournement de la loi, de la liberté, de la dignité. Mais que la démocratie soit le gouvernement du peuple, ne signifie pas que nous sommes tous en position de gouverner, mais juste en droit d'y prétendre, et dans le respect de cette démocratie, en droit de nous faire entendre.
Les coupables sont là, tout autour de nous, parmis nous. Il ne faut pas les oublier. Mais ça ne nous avance à rien de célébrer le chaos. Aujourd'hui, plus que jamais, on a un devoir d'exemple. Un devoir d'exemple pour ceux qui sont morts, pour ceux qui ont vécu, pour ceux qui vivent et pour ceux qui vivront.
Nous sommes, dans une phase formidable, où en découvre pour la première fois, qu'on n'a pas à baisser les yeux, qu'on n'a pas à avoir peur, qu'ensemble on peut forcer le destin. Nous sommes dans une étape formidable, où, même s'il y a encore beaucoup de choses à démolir, à raser, il y a encore beaucoup plus de choses à construire, de belles choses.
Célébrer nos douleurs, ne pansera ni nos blessures ni les cicatrices du passé. Se jeter des pierres ne nous bâtira pas un lendemain meilleur. Avons-nous déjà oublié nos idéaux ou en avons nous jamais eu ? Ne sommes nous pas entrain de perpétuer la même philosophie totalitaire qui nous a si longtemps oppressés sans nous offrir d'alternative. Quelle alternative sommes-nous entrain d'offrir aujourd'hui ?
Il y a, et il y auras toujours des ripoux, des corrompus, des voleurs, des criminels, des meurtriers, des menteurs, et tout ce qu'il peut y avoir de plus abjecte dans une société. La démocratie c'est aussi d'accepter ces aberrations sans s'ériger en juge de la bonne citoyenneté, habile défenseur des rumeurs et des calomnies et porte parole d'une paranoïa. La démocratie, avant d'être un acquis, salutaire, est un devoir.
Danser l'anarchie aujourd'hui c'est cracher dans la soupe. Parce que la démocratie c'est avant tout ce que nous en faisons.
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